Les questions des lycéens de Charles de Gaulle

Cet article se concentre à répondre aux questions, envoyées le 06 Mars 2019, des lycéens du Lycée Charles de Gaulle à DIJON. Je suis intervenu au lycée avant mon départ pour présenter mon année à Concordia, et depuis nous continuons à échanger. 

Le drapeau que les lycéens m'ont offert lors de notre rencontre avant mon départ, ici sur la porte principale de Concordia


Les premières questions étaient axées sur la science. Pour répondre à ces questions sur le travail scientifique que j’effectue, le prochain article y sera consacré. Mais je peux déjà répondre à la première question.


·         Quel était l'objectif des sorties à 25 km de la station ?

A 25 km de la base se trouvent deux petites stations météorologiques (une au Sud et une au Nord) ainsi qu’un réseau de balises (tiges de bambous plantées dans la neige). Mon rôle était de mesurer la taille de ces balises. Ainsi, l’accumulation de neige est évaluée d’années en années.
Une balise d’environ 2 mètres met une dizaine d’année avant d’être recouverte. Au Sud, la deuxième sortie nous a permis de replanter un nouveau réseau de balises.


La station météo présente à 25 kilomètres au Nord de la base


Le réseau de balises, ici une balise datant de l'année dernière et une plus vieille, bien plus petite


L’autre avantage des sorties « loin » est de pouvoir prélever des échantillons de neige non influencés par les potentielles pollutions liées à la base.
Cette année, une antenne de transmission des données météo a également été mise en place à 25 km Sud. 


·         Y-a-t-il déjà eu des accidents et/ou incidents ?

Heureusement non, et j’espère qu’il n’y en aura pas, puisqu’ici tout est bien plus compliqué.
Pour faire face à un éventuel accident, nous faisons régulièrement des exercices. Il s’agit d’exercice de secours (« rescue » comme on les appelle ici) ou d’exercice incendie. L’idée principale est d’avoir vite les bons réflexes en cas de problème.

Exercice de maniement du trepied nous permettant de faire sortir une victime d'un trou, ici dans l'avant-trou du forage EPICA (© Ivan BRUNI - PNRA)

Prochainement nous allons également faire un exercice d’évacuation de la base. Nous avons également préparé des sacs de secours et des provisions stockés à l’extérieur de la base principale.


·         Les journées sont-elles répétitives ?

Même si une certaine routine s’est installée, les journées sont quand même différentes les unes des autres. Les manipulations scientifiques sont certes les mêmes de semaines en semaines, les journées n’en sont pas moins différentes et j’ai le temps de faire autre chose : du sport, de la musique, des jeux, de la lecture, etc.


·         Y-a-t-il des différences entre la semaine et le weekend ?

Sauf urgence côté technique, le dimanche est un jour non travaillé à Concordia. Nous en profitons pour nous reposer et faire des activités qui n’entrent pas dans le cadre du travail.


·         Le fait qu'il fasse tout le temps jour influence-t-il votre rythme de vie et de travail ? 

Le jour permanent ne m’a pas spécialement influencé. J’ai même trouvé ça plutôt agréable de se lever et de se coucher avec un grand soleil.
Notre rythme est surtout relié aux horaires des repas, puisque nous mangeons toujours tous ensemble et à des heures définies : 12h30 le midi et 19h30 le soir.

En ce moment, nous nous apercevons que les jours diminuent très vite, le soleil se couche de plus en plus tôt. Il y a environ 10 jours le soleil se couchait vers 23:00, aujourd’hui à 19:30 il était sous l’horizon. Dans tous les cas,  c’est à chaque fois un beau spectacle.

Les couleurs du ciel après le coucher de soleil...


·         Comment communiquez-vous entre vous et avec l'extérieur ?

Chacun d’entre nous possède une radio. Dès que nous sortons dehors, nous informons Alessandro, qui s’occupe des communications, de là où nous nous rendons. Nous l’informons également lorsque nous sommes de retour à l’intérieur de la base.
La radio sert aussi à communiquer en cas d'urgence (par exemple lors des exercices de sécurité, à informer que quelqu’un est blessé et à organiser les secours).

Pour communiquer avec le monde extérieur, nous communiquons par e-mail et, nous avons la chance d’avoir un accès à WhatsApp. La station est aussi équipée de Skype.
Nous recevons également tous les jours une version électronique du journal « Le Monde », ce qui nous permet d’être un minimum informés de ce qu’il se passe hors de Concordia.


·         Est-ce que vous allez apprendre les différentes langues parlées ?

Certains ont commencé à apprendre d’autres langues, ce qui n’est pas mon cas pour le moment.
Nous n’avons pas encore commencé mais nous avions comme idée d’organiser des journées avec une seule langue parlée dans toute la base.
Nous savons tous à peu près dire deux trois mots, mais des cours de théorie plus approfondis ne feraient pas de mal.


·         D'où vient l'eau que vous buvez ?

L’eau que nous buvons provient de la neige, que l’on fait fondre. Le reste des boissons (jus de fruits, sodas, bières) est importé.

La chargeuse (seul véhicule en fonction en hiver) permet de mettre de la neige à l'intérieur du fondoir (© Lucie MAIGNAN - IPEV)

En revanche, l’eau des douches, de la vaisselle, des machines à laver est de l’eau recyclée. La station possède un système de traitement des eaux dites « grises ». Ces eaux circulent donc en circuit fermé.


·         Est-ce que les chambres sont spacieuses ?

Beaucoup plus spacieuses depuis le début de l’hivernage, où nous sommes seuls dans notre chambre ! Plus sérieusement, ce n’est pas immense mais bien suffisant puisque nous ne passons pas beaucoup de temps dans les chambres.
Il y a également de nombreux rangements.

Une chambre en configuration été. En hiver, le lit du dessus peut se basculer pour gagner en espace.

·         Est-ce que c'est ce à quoi tu t'attendais ?

Oui pas très différent même si je ne sais plus trop maintenant à quoi je m’attendais avant d’arriver. Au début c’est beaucoup de découvertes, mais au bout de quelques mois nous connaissons la station plutôt bien. J’avais pas mal lu / vu de choses sur Concordia avant d’arriver. La seule grande différence est d’y être pour de vrai !


·         Qu'est-ce qui te dépayse le plus ? 

J’ai bien envie de répondre que tout ici est différent. Disons que c’est principalement le paysage qui dépayse.
Sinon le fait de passer un an dans quelques kilomètres carrés tout au plus et le fait de ne rien avoir à acheter sont des aspects assez différent de la vie « normale » de France.


·         Est-ce que la France te manque ? Les amis et la famille ? 

Oui forcement il y a des choses qui nous manquent ici. Les amis et la famille me manquent oui, mais j’ai l’occasion d’échanger souvent avec eux et finalement avec les moyens de communications actuels on ne se sent pas si loin que ça.
Je pense que pour l’instant ce qui me manque le plus ici c’est un gymnase, un terrain de sport.


·         Tu préfères quand vous êtes plutôt nombreux ou moins nombreux ? 

C’est très différent comme ambiance entre l’été et l’hiver mais je n’ai pas vraiment de préférence. Les deux aspects de la vie à Concordia me plaisent, les deux ont des avantages.


·         Que peux-tu nous dire sur les repas ? Est-ce que tu goûtes les spécialités d'autres pays ?

Le cuisinier nous gâte. J’ai l’impression de manger comme au restaurant tous les jours…
La cuisine est un lieu très convivial de la base, où chacun peut venir cuisiner quelque chose, aider à la préparation, ou tout simplement apprendre à faire quelque chose.
Le cuisinier est italien donc nous avons principalement des spécialités italiennes, mais chacun est libre de proposer quelque chose. Samedi dernier, c’était soirée crêpes et far breton.


·         Comment avez-vous fêté Noël et le Nouvel An ?

Les deux soirées de réveillon étaient assez semblables. Apéritif puis un important repas tous ensemble. Les réveillons se sont terminés en soirée dansante.
Un Noël un peu donc différent de celui avec les grands parents mais bien amusant.



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